La prime de développement de commerce équitable : un indispensable à la durabilité de la filière cacao en Côte d’Ivoire
Les coopératives sont limitées à la recette de 80 FCFA/kg de fèves en conventionnel, un prix encadré par la loi. On comprend dans ces conditions le double apport significatif du commerce équitable : la prime nette de 400 FCFA par kilo qui revient à la coopérative, ainsi que le soin apporté à la bonne gouvernance des organisations créent les conditions propices pour des changements significatifs.
L’exemple de la coopérative Ecam est un modèle. Sur 7000 tonnes de cacao auprès de ses membres, 5000 sont vendues aux conditions du commerce équitable ou d’autres certifications de qualité qui permettent également le versement d’une prime à la coopérative. La prime a été investie dans de nombreuses initiatives pour améliorer les conditions de vie de ses membres ou rendre durable les modes de production du cacao. Plus récemment, elle a développé un système de traçabilité à la parcelle, pour être prêt à poursuivre les efforts d’export vers l’Europe à l’heure de la RDUE.
Grâce à cette prime, les investissements de la coopératives sur le territoire sont multiples :
- Construire une école primaire pour près de 300 élèves et plusieurs cantines scolaires pour les enfants.
- Convertir les parcelles de 177 membres à l’agriculture biologique, qui obtiennent des rendements élevés, grâce à la fabrication d’une unité de bio-intrants.
- Des poulaillers communautaires, des activités de diversification et des formations professionnelles pour les femmes membres ou proches de la coopérative
- Des cours d’alphabétisations pour plusieurs centaines de femmes
- Un suivi professionnel et humain de remédiation en cas de détection de travail des enfants
- Un travail de sensibilisation des producteurs vivant en bordure d’air protégée pour éviter les incursions dans les forêts et le développement d’activités économiques alternatives pour lutter contre la déforestation.
- L’encouragement au don de petites parcelles (<0,5 ha) pour les personnes les plus démunies, avec un accès facilité par la coopérative à des semences et des plants pour la production agricole. L’idée est aussi de valoriser des terres qui ne l’étaient pas et d’augmenter la production de légumes (tomates, maïs, gombo, etc.) à proximité des zones d’habitation des membres.
- La géolocalisation de toutes les parcelles des producteurs et la mise en place d’un système de traçabilité fiable et intégré au système de gestion de la coopérative.
Sans l’accès à un marché plus équitable et au paiement des « primes de développement », la coopérative n’aurait pas pu mettre en place toutes ces initiatives en ne comptant que sur la marge de 80 FCFA/kg de cacao.